Mot de passe

Mot de passe

Article publié originellement sur Bazar Musikal

« Are you lonely tooooo ? » se demande Angel Olsen dans Hi Five, titre inaugural entonné devant une foule sentimentale agglutinée, pressée de voir le nouveau phénomène dont le dernier album, Burn Your Fire For No Witness, a été salué par une critique unanime. Ce soir Angel et son groupe semblent presque bridés par la nécessité de ne pas sortir du cadre contraint d’une programmation festivalière et de cette forme de dictature molle du respect impératif de la durée qu’une telle organisation impose : il y a eu un avant, il y aura un après, à peine as-tu une toute petite heure pour briller et donner crédit à la réputation qui te précède. Angel Olsen berce sa fan-base de sa mélancolie americana sans démagogie ostentatoire. Reste à savoir si sa discrétion apparente est un mélange de pudeur, de fragilité non feinte, avec une forme de colère rentrée contre quelques égarements du groupe, ces regards appuyés envers sa bassiste aux doigts patauds. Sur les premiers titres, la voix d’Angel trahit une agressivité presque maladroite. Devant ses croyants, la nouvelle prêtresse folk frôle l’apostasie générale avec un Lights out à l’ambiance lourde, presque accablante. Mais le vent des hautes plaines revient pour un superbe et alangui Tiniest Seed (tiré de Half Way Home, premier album) avec en signature une guitare aux accents midwest, lancinants.


Vidéo publiée le 27 mars 2014
« Les Femmes s’en mêlent #17 » Angel Olsen @ Le Divan du Monde, PARIS 26/03/2014

Puis la solitaire se retrouve seule sur scène, à susurrer White fire, titre déjà fétiche et qui lui vaut les comparaisons les plus intimidantes avec d’autres maîtres du songwriting. Sur un ton faussement monocorde, Angel Olsen évoque une passion aveuglante dont l’intensité ne se consume plus qu’en regrets innombrables et presque indéchiffrables. Il y est question de fautes humaines trop humaines, de l’inconvénient d’être né. Plus besoin de crier, Angel chuchote. Son église entre en grâce. A ce moment-là, peut-être cessons d’être une foule de spectateurs plus ou moins attirée par le buzz. A ce moment-là, peut-être devenons-nous une fugitive assemblée d’âmes, au soutien d’un ange perdu, dans un chœur miraculeusement silencieux. A ce moment-là, peut-être chacun d’entre nous trouve en soi un écho à cette question qui hante l’ange, comme elle te hante, comme elle me hante. Oui. Je suis seul aussi. Et toutes les mains se dressent. High five, Angel.

1 Comment

  1. home · 11/12/2016 Reply

    sjqgfmyzzekggsmtzfaxiywo

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