Conakry Sweet Salone

Conakry Sweet Salone from Dominique Grass on Vimeo.

Runtime : 15’00 »
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Neuf ans après
Moi aussi Raymond, comme toi, je reviens en Afrique
Je suis au sommet de Tower Hill  à Freetown, Sierra Léone, Sweet Salone
Il y a six jours j’atterrissais à Conakry, Guinée, bonne arrivée
Dans trente minutes, un expat de la FAO m’expliquera combien il tient à sa fille, 27000 £ par an pour son école de cuisine à Londres
27000 £, c’est peut-être le PIB annuel du bidonville de Kingtown, que j’ai visité il y a une heure
Dans un quart d’heure tu te seras fait une idée, Raymond, de mes aptitudes, de mes prétentions, de mes illusions, de mes fantasmes sur les rythmes et les masques, les arbres et les statues
« Un objet est mort quand le regard vivant qui se posait sur lui a disparu »
Que sais-je de la « pauvreté dans la liberté » quand j’aperçois au loin le « stade du 28 septembre » ?
Que vois-je de la « richesse dans l’esclavage » quand un néo-colon golfeur envoie ses balles à l’océan, où plongent à leur recherche ses domestiques pour une poignée de Léones ?
James connait-il Walter qui connait Jo qu’ignore Suleyman qui se dit Catalan ?
Comment dit-on se moquer, en malinké ?
Que se passe-t-il au Bembeya ?
Est-ce que ça restera entre nous ?
La vie est douce quand le monde est une plage
Pourquoi chercher à en voir plus ?
Les fantômes, les blessures et le sourire
Me souvenir de la leçon d’Ibrahim
Comme tu le pressens déjà, Raymond, je ne saurai pas, moi, montrer
Afriques : comment ça va avec la douleur ?
C’est à peine si j’envisage
Comment ça va
Neuf ans après

Il y a toujours  au moins trois façons de voir les choses, Raymond
Mais quand tu es triste
Souviens-toi que mon frère est mort pendant la guerre civile
Chasse la colère
Sèche tes larmes
Refuse l’amertume et les alibis douteux de la fausse conscience
Et si tu reviens dans neuf ans
Sache que je continuerai  d’honorer sa mémoire
En t’accueillant chez moi
Avec un sourire
Toujours

** English translation **

Nine years after
Like you Raymond, I’m back in Africa
I’m at the top of Tower Hill in Freetown, Sierra Leone, Sweet Salone
Six days ago I landed in Conakry, Guinea, bonne arrivée
In thirty minutes, an expat from FAO will explain to me how he cares to his daughter, £27,000 per year for her cooking school in London
£27,000 is perhaps the annual GDP of the Kingtown slum, I visited an hour ago
In a quarter of an hour you’ll get an idea, Raymond, of my skills, my claims, my illusions, my fantasies about rhythms and masks, trees and statues
« An object is dead when the living gaze, who looked upon it, disappeared »
What do I know about « freedom in poverty » when I see, far away, the « stade du 28 septembre » ?
What do I see about « opulence in slavery » when a neo-colon sends his golf balls to the ocean, where his domestics dive to look for them for a handful of Leones ?
Does James know Walter, who knows Jo, whom ignores Suleyman, who says himself Catalan ?
How do you say to make fun of someone, in Malinke ?
What happens at The Bembeya ?
Will it stay between us ?
Life is sweet when the world is a beach
Why try to see more ?
The ghosts, the injuries and the smile
Remembering of Ibrahim’s lesson
As you already foresee it, Raymond, I won’t know, me, how to show
Afriques : comment ça va avec la douleur ?
It’s hardly if I envisage
How are things
Nine years after

There are always at least three ways of seeing things, Raymond
But when you’re sad
Remember that my brother died during the Civil War
Chase away anger
Dry your tears
Refuse bitterness and questionable alibis of false consciousness
And if you come back in nine years
Know that I will continue to honor his memory
In welcoming you home
With a smile
Always

6 Comments

  1. Gabriel Lefebvre · 24/08/2013 Reply

    Notre Ulysse qui a aussi de l’Arthur H. dans les trempes, a encore frappé … et on n’est pas déçu !
    Captivant, émouvant, énigmatique, poétique etc. : bref envouté par ce beau voyage qu’on devine et partage (pour garder la magie, je préfère ne pas demander qui est donc ce Raymond -a priori c’est pas le célèbre Catalan Domenech)
    Mention spéciale encore pour la technique et la prod’ (comment donc toi tu fais tout ça ?!?! du génie ? en tout cas un dom certain !)
    Grand merci pour ce beau transport qui vaut bien (non : mieux !) que les docus découverte, souvent de qualité, foisonnants sur la TNT.

    Quelle prochaine étape : Guatemala, Mongolie intérieure, Népal, Amazonie… ??? On a faim d’impatience.

    • Dom · 24/08/2013 Reply

      Merci Gab !

      Pour information et sans chercher à rompre la « magie », l’identité patronymique de Raymond est révélée en fin de générique.
      La prochaine étape ? Peut être une sorte de voyage intérieur, qui sait…

  2. MonaLisa · 31/08/2013 Reply

    Très réussi ce cru Dom ! Et on l’a aussi croisé à Bilbao le Raymond je crois bien…

  3. Roux · 08/09/2013 Reply

    Je retrouve ici ta sensibilité et l’émotion que tu sais faire partager. Quand la poésie est un combat, elle prend tout son sens. Biz l’ami.

  4. pere · 23/12/2013 Reply

    En una película hay que meterlo todo…
    Otra estación en la travesía por el junkspace
    « je suis catalan » es lo que decía Jean Rouch un año antes de morir en Barcelona: « je m’appele Roig (Rojo) »…y luego decía « No pasaran ».
    Un mercado es un atasco de tráfico, en Sierra Leona, la « vida dulce » mortalmente amarga y ningún Paraíso como en Seidl…
    Y la panorámica del principio, une en una misma línea de universo lo alto y lo bajo…en una panorámica también hay un dilema moral.
    Tú lo has resuelto.
    Grande, Dom.

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