Silence
7 janvier 2015.
Veillée place de la République, à Paris.
On ne parle pas de ce qui s’est passé.
Combien ? Douze.
Qui ? Une liste de nom.
Pourquoi ? Des points d’interrogations.
La ligne 8 ne dessert plus la station.
Des agents de la RATP canalisent les flux depuis « Strasbourg Saint Denis ».
Prenez la sortie à droite, descendez le boulevard Saint Martin, c’est tout droit.
Déambulation au milieu des banderoles, des bougies, des visages tristes.
Le réseau téléphonique est par intermittence inaccessible.
On n’est pas là pour communiquer.
Près de la rue du Temple, un ami, venu avec un autre.
On se rapproche de la statue centrale.
Quelqu’un lâche une lanterne volante, qui s’empêtre dans les branches nues d’un arbre.
Figuration d’une âme qui ne monte pas aux cieux.
Acharnement métaphysique.
Humour céleste.
Au pied de la colonne, les plus exaltés lance un contre-mot d’ordre.
Chut ! Chut ! Chut ! Chut !
Le silence se répand comme une onde. Chut !
Le reporter de BFMTV qui réalisait un direct éteint sa caméra. Chut !
Les conversations s’évanouissent. Chut !
Le chut ! chute, aussi.
On n’entend plus que le vent.
La lanterne qui brûle.
Les passions individuelles, contradictoires, sont mutiques.
Stupeur, colère, haine, dépit, angoisse semblent se confondre.
Comme une seule émotion collective.
Comme une chair de poule virale.
Commune.
Une minute, vingt secondes, une vie.
Puis soudain, venu de la colonne, un cri rompt le silence…
« MAIS ON EST QUI ? »
Merci d’y mettre les mots mon Dom.
Très beau, tu nous fais éprouver ce « silence »
Oui, on sait plus trop qui on est. Merci Dom. Bises
Puisse la chair de poule virale des uns
Calmer le fanatisme létal des autres.
Bises