Après Mai (d’après moi)
Incipit : « Entre nous et le ciel, l’enfer ou le néant, il n’y a que la vie, qui est la chose au monde la plus fragile » (Pascal)
Épilogue : « … » vous verrez !
Pascal, qui figure au même rang que Simon Leys, ou que les auteurs de la véritable scission dans l’internationale.
Les classements vacillent.
L’ordre n’est plus que ce que je peux recomposer.
Les pensées entrent en écho avec la pensée.
Qui a dit qu’on ne pouvait pas filmer des mots ?
Entre ces deux flèches, on commence par jouer à la guérilla contre les vigiles de son lycée, dans une banlieue parisienne, mais c’est encore la campagne. Jusqu’à ce que les blessures s’aggravent. Il faut alors se mettre au vert, c’est l’Italie, la compagnie de cinéastes militants. L’art ou la révolution, la révolution dans l’art, et ces débats sans fin sur l’esthétique, laquelle et comment faire, avec en hégémonie cette forme dégradée et pathétique de réalisme socialiste que les gauchistes de la vision proposaient alors, avec leur idée si paternaliste, si sinistre (« gauche » en italien), d’un peuple à éduquer (ou, dans sa variante renversée et culpabilisante maoïste, d’un peuple éducateur). Belle surprise de voir un rare salut filmé à la révolution du peuple lao, quand j’en reviens à peine, à presque quarante ans de distance ! Manquent juste la bière et les glaçons (à suivre) !
Gilles / Assayas hésite entre deux femmes. L’une, sa muse, sous l’emprise de la drogue, finira consumée dans la nuit par un feu hallucinatoire, comme on se suicide. L’ultime hommage que Gilles lui adressera, donnera l’occasion au cinéaste Assayas de choisir un plan d’élévation, de laisser la caméra s’élever délicatement comme pour figurer l’inversion de la gravité… le regret de la chute. Non, on ne voit jamais ça, dans une série télévisée. Je ne demande qu’à être démenti.
Le personnage doit fuir encore. Ce sera Londres, apprendre à devenir le cinéaste qu’il est, quitte à collaborer à des séries Z avec des dinosaures et des nazis (et oui !). Il traversera la vie comme on traverse l’écran. Il rêvera devant un film dit expérimental. Apparition, revenant, fantôme… Ou la définition du cinéma comme « hantise », comme expérience de la (sur)réalité paranormale, comme fragile vibration vitale, et parfois fantastique, avec cette chose au monde qui est la plus fragile. Bon, c’est quand même autre chose que Paranormal activity…
Comme de bien entendu, à l’encontre de reconstitutions putassières (style Good Morning England) qui ne recyclent de leur jeunesse que des icônes délavées constamment accessibles dans les big shopping mall du conformisme, la musique, ici, est élective. Parce qu’on n’illustre pas. On sélectionne.